Art du commun

23 mai, 2005

les Ontariens

Une étrange soirée hier soir. Il y a quelques semaines j'ai rencontré un gars dans le bus, et il est descendu au même arrêt que moi, au HD, alors je lui ai parlé. Il s'en allait à une entrevue. Je lui ai souhaité bonne chance, puis nous ne nous sommes pas revus jusqu'à jeudi dernier. Dans l'ascenseur. On était contents de se retrouver, alors on a mangé ensemble, puis il m'a invité à sortir avec lui le samedi soir. Quand il est arrivé chez moi, je lui ai fait visiter l'appartement, puis j'ai parlé de mon copain. Alors il s'est arrêté tout sec et m,a dit « Did you say your boyfriend? I thought we had a date… » Puis il s'est cassé. La salaud. J'aurais dû me la fermer, peut-être qu'on aurait au moins passé une belle soirée. C'est quoi le problème avec les Ontariens?
Finalement je suis restée à la maison avec Tyler, et nous avons regardé un des plus beaux films d'amour, Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Tyler s'est endormi avec moi et nous avons passé la nuit main dans la main, à dormir comme des loirs. Je pense que nous nous faisons mutuellement beaucoup de bien. Ce soir nous sommes allés voir une supposée soirée burlesque ensemble - je dis supposée parce que finalement il n'y avait que deux numéros cochons, entourés de numéros de magie et de médiums minables. J'ai vraiment compris ce soir ce que ça voulait dire de jouer dans les cabarets et les bars miteux.

Puis je suis rentrée chezmoi. J'aime ma chambre blanche. Je laisse les chats entrer petit à petit, surtout Manou avec ses oreilles congelées et ses yeux croches. Elle marche un peu comme une bossue, et mes colocs l'ont affublée, pour cette raison, du sobriquet d'Igor, le prénom du Bossu de Notre-Dame dans le livre d'Hugo.

21 mai, 2005

les odeurs mélancoliques

Tyler s'est fait voler son vélo sur notre magnifique terrasse aménagée. Ça fait tellement de fois que ça m'arrive que je ne réagis parfois même plus, mais en réalité le vol est un chose difficile. Je m'imagine des gens, en train de rire, de monter nos escaliers, escamoter le vélo, puis prendre la poudre d'escampette, les jambes à leur cou.

J'ai passé la journée à faire du ménage. La semaine avait été longue et la présence de Mélysandre m'empêchait de me plonger dans mes papiers, dans mes pensées. Les meubles sont un peu plus en place, et j'ai bousillé tout un mur à essayer d'installer des tablettes - j'ai pourtant suivi à la lettre les directives du quincaillier!

Parlant de quincaillerie, j'ai remarqué, depuis que je suis arrivée à Toronto, que partout je retrouve des odeurs qui me rappellent le passé. Je vis beaucoup de moment mélancoliques à cause des odeurs, et j'ai toujours beaucoup de mal à définir l'effet qu'elles ont sur moi. Je pense depuis plusieurs années à écrire des textes qui seraient inspirés par certaines odeurs, mais je n'arrive pas à m'imaginer la forme qu'ils devraient prendre. On peut facilement tomber dans l'ésotérique quand on parle de quelque chose d'aussi volatile qu'une odeur

Par exemple, l'odeur des quincailleries me fait penser à mon père, instinctivement, qui m'emmenait avec lui au Canadian Tire presque tous les samedis. J'aimais la rangées des vis et des clous, puis quand je relevais les yeux, je le voyais, son pantalon dans ses grosses bottes détachées, son grand portefeuille noir à moitié sorti de la poche arrière de son jean, un t-shirt en coton bleu taché de terre, peser le pour et le contre de tel ou tel outils. L'odeur des quincailleries me rassure. Si on est dans une quincaillerie, on n'est jamais à court de ressources.

Cette semaine il y a eu aussi l'odeur de la buanderie. Un mélange de savon, d'assouplisseur de tissu et de chaleur de sécheuse. Dans cette buanderie les laveuses sont bien alignées le long du mur, blanches. La salle est vide, sauf quand un autre client vient faire passer sa lessive de la laveuse à la sécheuse. L'odeur de cette buanderie me rappelle les voyages, quand, après quelques semaines de déplacement, je vidais mon grand sac à dos qui sentait l'humidité et le linge sale. Puis, je me prenais tout une après-midi pour faire du lavage. Ça me forçait à m'arrêter, à ne rien faire, à profiter du soleil, à écrire, à penser…
Au Home Depot, où je travaille, les bureaux sont encore neufs. L'odeur qui nous prend au nez en sortant de l'ascenseur est celle du tapis neuf et de la colle, ce qui me fait penser à l'odeur de l'hôtel où nous logions, pendant la formation d'Air Canada. La même odeur flottait dans l'air quand nous rentrions des cours, à 3 ou 4h du matin.

20 mai, 2005

entre 3 autoroutes

Ce midi je suis sortie pour manger dehors. C'était tellement triste mais tellement joli en même temps. Près de la grande tour à bureaux où je travaille, sur le côté, bien camouflées, se trouvent trois tables à pique-nique. Elles sont placées à l'ombre de trois pommiers, qui sont en fleurs à cette saison de l,années. Je me suis assise à l'une des tables, puis, après mon repas, je me suis étendue sur la banquette. Le soleil tapait sur mon visage, et le vent qui soufflait doucement dans les branches faisait tomber des confettis de pétales parfumés. C'était idyllique… mais dès que je me mettais à penser à l'endroit où j'étais, j'entendais les camions et les voitures sur les autoroutes, la rumeur incessante d'une ville qui refuse de s'immobiliser.
Depuis mon déménagement à Toronto je vis beaucoup de transformations. C'est comme si soudainement tout était devenu émotion, je vis chaque nouvel événement en sentiments plus que par la tête. Et c'est difficile. Je pense que lorsque nous devenons adultes, sans trop nous en rendre compte, nous tentons de vivre selon un certain équilibre émotif, et nous inventons les sentiments que nous devrions ressentir dans tel ou tel moment. Comme si on les amplifiait pour qu'ils soient plus réels. Enfin, avec ce que je vis en ce moment,j'ai l'impression que c'est ce qui est arrivé depuis quelques années. Et puis soudainement je me retrouve comme une enfant, quand chaque petite chose était réellement terrible, chaque drame se transformait en tragédie. L'amour que je ressens, l'amitié, le désir de vivre en harmonie avec les choses qui m'entourent, tout est tellement fort. L'amour me fait mal.

Quand je suis rentrée à la maison ce soir, Mohanad et Tyler avaient aménagé la terrasse, avec un barbecue, un divan, la télé. On arrive toujours à se trouver une zone de confort. On a fumé des joints, mangé des aubergines grillées, puis les gars ont voulu à tout prix regarder le fil Jerry Maguire, qui, comme je m'y attendais, était d'une qualité plutôt minable. Mais j'aime passer mes soirées avec eux. Ils me rassurent, et je pense qu'ils aiment aussi ma présence. Je trouve que c'est plus facile de vivre avec des gars.

19 mai, 2005

Québec is very beautiful

Aujourd'hui j'ai été confrontée directement à la perception des anglophone sur le françis et les Québécois. J'étais assise dans la rue, avec Mélysandre. Nous attendions que notre lavage soit terminé en fumant des cigarettes et en regardant une carte de la ville. Une femme s'est arrêtée, une clope au bec elle aussi. Elle avait l'air de ces femmes qui ont été magnifiques à 20 ans et qui pleurent dorénavant leur beauté perdue. Sa peau était ravagée par la cigarette et les mauvais produits de beauté, elle avait les ongles bien manucurés, une veste rouge, un petit chapeau de paille. Le tout se voulait coquet, mais l'attrait se perdait dans une espèce de mélancolie tragique. Elle nous a demandé si nous avions besoin d'aide avec cette carte. Puis immédiatement elle a enclenché son petit discours surfait. « I live in Marseilles, in the south of France, I have a house there ». Alors tout de go, je lui adresse la parole en français, et elle me répond, d'un air dédaigneux et en anglais : « Oh Yes, Montréal, people there speak with a very strong and ugly accent, like the peasants, in the country ». Je n'ai rien dit mais j'ai souri.

Le même jour, je m'étais rendue à la banque pour signer des papiers et l'homme qui m'aidait avec mes démarches semblait complètement mystifié par le fait que je sois traductrice et francophone. Puis il m'a affirmé que tous ses amis qui étaient allés au Québec avaient été rabroués parce qu'ils parlaient anglais. « Mais, lui ai-je dit, peut-être leurs interlocuteurs ne parlaient-il tout simplement pas anglais? » Il a levé la tête vers moi, le regard vide. De toute évidence quelque chose ne tournait pas rond. Je lui ai dit que le Québec est une province française, et que certaines personnes à l'extérieur des grandes villes ne parlaient pas anglais, comme un autre pays. Il y a eu un moment de silence, puis il a souri et a enchaîné en me disant qu'il adorait le Québec, qu'il connaissait le Québec, Québec City, it's very beautiful, it's like Europe, all the streets, yes I ilke Québec.
Puis moi j'ai soupiré, et j'ai souri et j'ai confirmé : « Yes Québec is very beautiful ».

14 mai, 2005

l'amour fait mal

Et constamment je me demande à quel point on peut utiliser le temps du quotidien pour réfléchir aux choses philosophiques. Est-ce que chacun de nos mouvements créatifs doit être motivé par une question intellectuelle, existentielle ou philosophique? J'ai l'impression, souvent, de divaguer, de me laisser dériver et de ne pas avoir de direction, ou de combat, comme Chris et son combat. Est-ce que c'est ce qu'il faut faire, se dédier à une cause tout entière? Si tel est le cas ma cause est celle des mots, et des idées qu'ils évoquent, qu'ils perpétuent. Il me faudrait donc prendre des cours de philosophie de la langue, ou de linguistique, d'étymologie.

Peut-être devrais-je commencer à rédiger un essai sur la question, sur la traduction et la façon dont les langues influencent la pensée?

Ma vie serait-elle plus intéressante si je faisais plus de choses, si elle était complètement équilibrée? Ne l'est-elle pas?

Ce petit passage dans le coin de l'aéroport me rappelle mes étés avec Air Canada, nous logions dans un hôtel miteux dans le quartier, et n'avions que 10 jours pour nous trouver un logement pendant lesquels nous devions aussi être disponibles pour travailler.

Je n'aime pas penser à ces souvenirs, parfois, parce qu'ils me blessent. J'ai de la peine qu'ils ne soient plus maintenant que des souvenirs et je n'aime pas les conversations où les gens ne font que se rappeler du temps où… Te souviens-tu de la fois quand… Je préfère construire mes souvenirs au fur et à mesure

Depuis que Chris est venu à TO la semaine dernière je ne cesse de penser à lui, sa présence me hante. Et je cherche des moyens de me défaire de cette douleur par les livres ou les films, ou l'art, mais l'art parle peu d'amour. Je suis allée voir quelques expositions et je dois me ranger du côté de Caro - où est le sentiment dans l'art? Dans un moment de douleur, ou d'extrême joie, je voudrais pouvoir me réfugier dans le dessein d'une œuvre qui parlerait de ce que je vis. Je trouve qu'il y a beaucoup d'humour dans l'art, ce qui ma plaît, mais qu'en même temps il manque de sensibilité très crue, ou même de représentation formelle, d'exploration.

05 mai, 2005

Mohanad le philosophe triste

Hier en rentrant du travail je suis allée courir pendant une heure - ça ne m'était pas arrivé depuis plusieurs semaines. C'était magnifique dans le parc, la lumière, mais surtout l'air, qui me semblait tellement moins pollué que partout ailleurs dans la ville. Quand je suis rentrée, j'ai vu Mohanad, qui s'est assis avec moi. Il avait perdu son sang-froid et frappé un homme qui l'avait insulté dans la rue. Il en était vraiment troublé alors je l'ai écouté, mais il ne pouvait plus s'arrêter de parler, et il a parlé de comment il ne voulait pas s'attacher aux choses et aux êtres mais qu'offre parce qu'il en est incapable. Il a parlé pendant longtemps et je ne pouvais m'empêcher, d'une part, de l'admirer pour sa détermination et pour la profondeur de sa réflexion, mais d'un autre côté j'étais très attristée pour lui, parce que chaque fois qu'il vit des moments de bonheur, ou qu'il s'amuse, il souffre et perçoit cela comme une faiblesse. Il ne veut pas s'attacher aux gens parce qu'il a peur de souffrir, mais je pense qu'il souffre bien plus de ne pas vouloir se laisser attacher. Je pense qu'il rêve du jour où il aura le courage de faire ses valises et de simplement mettre les voiles, sans dire au revoir, sans regarder derrière lui.

Enfin quand il est sorti de ma chambre une heure plus tard, je me sentais vraiment déprimée et j'aurais tellement eu besoin de sortir, de boire de la bière, de rire et de m'amuser, mais toutes les personnes que j'ai appelées (?) étaient occupées, ou déjà sorties. Alors j'ai regardé Wonderfalls, j'avais les dvd de la télésérie, j'ai lu.

La semaine prochaine je vais participer à une très grosse conférence où je devrai traduire, en direct, une communiqué pour les grosses légumes de l'industrie automobile de Canada (ou quelque chose comme ça). Je suis contente qu'enfin un défi de taille se présente à moi, c'est l'occasion de faire mes preuves… mais c'est aussi très stressant.

Chris arrive demain matin. J'ai hâte!

04 mai, 2005

par la fenetre

Un petit rayon de soleil qui allume, au loin, les grues mécaniques, les toits des édifices, les fils électriques et le coin de mon écran.

Illsad Island

Mercredi, au boulot comme d’autres fois. Les derniers jours ont été extrêmement mouvementés et je ne retombe que lentement sur mes pieds. Le déménagement a été ardu et j’ai été chanceuse d’être entourée d’Eric, Rudy et Braiden sans qui j’aurais à coup sûr paniqué comme une poule sans tête. Mais leur sens pratique, leur côté très terre-à-terre m’a permis d’être plus calme. Les choses pour moi se sont gâtées après leur départ, dimanche après-midi. En plus de me sentir seule, complètement épuisée et malade, tout le stress des semaines précédentes a éclaté en moi. J’ai passé les 2 derniers jours à pleurer, les larmes coulaient de mes yeux sans que je puisse y faire quoi que ce soit, j’arrivais même à rire entre trois ou quatre gouttes mais elles roulaient imperturbablement sur mes joues, dans ma bouche, le long de mon cou. J’ai pleuré avec Mohanad, j’ai pleuré avec Tyler, j’ai pleuré au téléphone, à vélo, dans le café Internet, à la buanderie, à l’épicerie… Mais comme le dit Janine, au moins je me donne le temps et la liberté, en quelque sorte, de vivre ces émotions fortes. En fait Janine avec sons sens de l’humour bien particulier a plutôt dit ceci :

« Sorry to hear you’re not feeling well, in body and heart (and nasal cavity). It sounds like you’re giving yourself the time to adjust to all this newness though, which is good. Change is hard on a person, and you’ve got a lot of it going on! ( I like to think about that doctor I saw last year who used the expression “that’s a big, big shit there!”. With her good intentions in mind I say to you, verily, yours is a big big shit!) »

Ce qui m’a bien fait rire.

En plus de toutes ces émotions, Chris et moi avons eu à traverser notre première chicane. J’ai été très touchée (blessée, fâchée?) qu’il ne soit pas venu à Toronto pour le weekend de mon déménagement… Surtout sachant qu’il passait la fin de semaine à Québec pour le vernissage de la Manif d’art. Bien entendu il s’est amusé comme un fou, il a bu, il a flirté avec les filles, il en a même embrassé plus d’une. Je n’ai pas voulu en savoir plus. J’étais jalouse et fâchée et triste de ne pas avoir été là. J’étais déboussolée que Jen l’ait accompagné, qu’elle ait dormi dans son lit. Jen… qui ne peut rien faire vraiment face au désarroi que je vis. Elle semble m’avoir remplacée dans ma propre vie : elle vit dans mon appartement, elle utilisait mon vélo, elle sort avec mon copain. J’ai beaucoup de mal à laisser aller mon autre vie et chaque jour je me demande si la décision que j’ai prise était la bonne. La distance que j’ai créée avec Chris me fait réaliser que j’aimerais être plus proche de lui et que j’ai eu tellement peur de me donner, de me lancer dans les émotions fortes de notre relation. J’ai eu du mal à lui faire confiance, ayant toujours peur qu’en me donnant il se retirerait. Mais Chris, lui, me dit que c’est justement cette distance que j’imposais entre nous qui le faisait rester sur ses gardes, toujours paré à devoir accuser dans le ventre un « je te quitte » froid et direct. Je pense ne lui avoir donné que très peu de matière à croire que notre relation pourrait se poursuivre longtemps. Il viendra ce weekend, et nous voulons passer chaque minute ensemble pour savourer le plaisir que nous avons à partager le quotidien.

J’ai hâte de mieux m’installer mais je le fais doucement avec prudence. J’ai plusieurs idées sur la façon dont je veux aménager ma chambre et j’espère que je pourrai mettre les éléments de création au centre de la pièce. J’aime l’appartement, je m’entends assez bien avec Tyler et Mo. Ils sont de bien drôles de moineaux. Tous les deux sont dans une phase quelconque de recherche spirituelle et de prise de contact avec le corps. L’alimentation et le bien-être du corps sont au centre de nos discussions. Nous parlons d’étirements, de yoga, d’entraînement, de la valeur nutritive de tel ou tel aliment… Il manque parfois d’humour, de cynisme et d’ironie dans nos échanges.

Mais somme toute, j’aime bien ce style de vie très sain et je pense que leur présence m’aidera à demeurer équilibrée, surtout au niveau de la nourriture. J’ai toujours eu une relation assez équivoque avec l’alimentation, et pendant longtemps, sans pouvoir m’arrêter de manger, je ne pouvais pas non plus concevoir l’idée de garder la nourriture dans mon corps. C’est réellement une forme de contrôle que l’on exerce sur soi, et j’en suis venue à créer une dépendance à cette forme de contrôle, le reste de ma vie étant tributaire de tant d’autres facteurs. J’ai toujours raconté énormément de choses, je n’avais aucune honte ou aucun gêne (dans une certaine mesure – hm, peut-être cela est-il faux) à parler de mes émotions ou des choses intimes. Mais ça, c’était tellement répréhensible aux yeux des autres que je savais que je ne pourrais jamais en parler. C’était une façon de conserver en moi-même un espace absolument et intrinsèquement intime, où personne ne pénétrerait. J’espère que cela est terminé et en effet, la vie avec mes 2 spirituels m’aidera, j’en suis sûre, à mieux gérer et à mieux accepter, comprendre peut-être, ce qui autrement m’avait tellement fait défaut. J’ai aussi choisi de laisser la porte de ma chambre fermée autant que possible. Cet appartement est assez grand mais les lieux intimes et personnels y sont rares. Ma chambre sera mon havre. J’y ferai dessin et photo, traduction et écriture. D’ailleurs j’espère écrire plus régulièrement sur ce blogue lorsque notre connexion internet fonctionnera. Cela me permet d’une part d’écrire, ce que j’adore, mais d’autre part de parler de moi sans avoir honte d’être aussi égoïste, pour un moment, et enfin je garde de cette façon le contact avec ma langue, celle qui me fascine et qui me stimule. Parce qu’ici, c’est sûr, l’anglais prédomine… D’ailleurs, hier, dans une petite boutique très mignonne sur ma rue (j’adore mon quartier!!), une femme m’a demandé d’où venait mon accent… Elle me croyait russe ou irlandaise!

Ah, quel bonheur d’écrire! Je me sens soulagée de tant de pression, de tensions…

J’ai vu les commentaires de caro à la suite de l’entrée précédente. C’est un peu bizarre de penser que j’en parle et que, peut-être elle lira ceci. Elle m’a fait un tarot, c’est étrange, mes tarots semblent toujours très positifs quand elle me tire. Est-ce réel? Est-ce une interprétation? Caro est un peu comme une sorcière dans ma vie, une bonne sorcière, dont l’esprit rôde toujours autour de moi. Quand je pense à elle je la sens là, toujours un peu en retrait, comme un œil bienveillant. Nous avons parlé, vendredi, pendant mon déménagement, de la jalousie que l’on éprouve parfois dans les relations. La jalousie envers d’autres personnes…. Puis elle a parlé de la jalousie qu’elle éprouvait parfois face à l’écriture de Dom. Ça m’a fait drôle de l’entendre dire ça. Parce que moi, j’ai toujours éprouvé une forme de jalousie qui se transformait en honte face à sa création : le dessin, la photo, l’écriture. Je crois cependant que je suis ailleurs maintenant, et que nos vies, parallèles, ont pris des tournants bien distincts, ce qui, selon moi, permet à notre relation d’évoluer de façon vraiment saine.

Je viens de décrocher un méga contrat de traduction d’un site web. Je pense que ce sera amusant et payant.